samedi 31 mars 2007

Zombie (1ère partie)
Dawn of the dead

1978 – USA – Georges A. Romero
http://www.imdb.com/title/tt0077402/

Partie 1 : Le début

Je n’aime pas trop le principe des listes de films préférés. Il y a tout simplement trop de films dans ma filmothèque idéale et je détesterais l’idée d’avoir à choisir parmi eux. Pourtant il y en a bien 4 ou 5 qui se détachent de l’ensemble et pour lesquels je voue un culte respectueux. Zombie est incontestablement tout en haut en haut de mon panthéon cinématographique perso, mon Citizen Kane à moi.

Pour ce film hors norme, je vous propose non pas un, mais plusieurs post, afin d’explorer l’incroyable richesse de ce que je considère comme le meilleur film du monde ( et pas seulement le meilleur film d’horreur du monde).

Commençons par le commencement, et justement celui de Zombie est exceptionnel. Deux scènes d’anthologie font immédiatement basculer le spectateur dans le postulat narratif du film : « C’est la fin du monde car les morts reviennent à la vie sous forme de monstres qui mangent les vivants ».

Télé-réalité

Première scène, un plateau de télévision héberge un débat houleux entre un journaliste et un invité (dont nous ne connaîtrons jamais ni l’identité, ni le champ d’expertise). Sans avoir jamais vu pour de vrai un plateau télé, l’ambiance de celui-ci est évidemment «extra»-ordinaire. Un caméraman quitte sa machine pour apostropher directement l’invité, un autre technicien balance une brassée de papier devant l’objectif, toutes les personnes sur le plateau interpellent bruyamment l’invité qui essaye, avec beaucoup de mal, de dérouler un discours « rationnel » expliquant que les morts-vivants doivent être annihilés.

Dans cette ambiance de surexcitation, des informations plus factuelles sont délivrées. Comme un goutte à goutte, elles vont venir nourrir la paranoïa régnante en provoquant systématiquement un affrontement entre les protagonistes :

  • les adresses des abris de secours pour la population sont jugées peu sures par certains techniciens qui pensent même qu’elles constituent un piége pour le public. Le producteur de l’émission ne pensant qu’à l’audience impose qu’elles restent à l’écran.

le processus de transformation des morts en zombies et la façon de les détruire («en détruisant leurs cerveaux ou en séparant leurs têtes du reste du corps») est froidement décrit par «l’invité» et vient heurter la sensibilité et les émotions des personnes présentes.

Voila ce qui s’appelle «planter le décor», Georges Romero réussi une des meilleurs scènes d’exposition possible, son montage est nerveux, mais pas hystérique, le style est très proche de celui d’un documentaire. En moins de dix minutes il se paye même le luxe d’introduire des thèmes puissants comme celui de la responsabilité des médias ou de l’engagement individuel.

Gore

Deuxième scène, l’assaut d’un squat mélants insurgés et zombies par des forces spéciales. Pour les spectateurs ayant émotionnellement résistés à la scène précédente, impossible de ne pas basculer définitivement dans la tension du film. Romero crée une séquence «bigger than life» en utilisant son arme favorite : la transgression et son fils naturel, le gore.

Transgression à tous les étages, en effet, insurgés massacrés au fusil à pompe sur la terrasse, membre des forces spéciales hystérique abattu par un de ses propres collègues, femme dévorée vivante en gros plan, suicide de policier, laborieuse élimination de dizaine de morts-vivants et caves remplis d’orgies anthropophages…

Si la première scène est graphiquement soft, cet assaut offre des images de violence graphique d’un niveau rarement atteint en 1978 et encore aujourd’hui.

Comme Alex dans «Orange Mécanique», Romero nous inflige un véritable traitement de choc destiné à nous faire perdre nos repères et à gommer la distance entre le film et la réalité. Résultat une identification complète aux quatre héros qui vont tenter de survivre pendant le reste du film.

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