mercredi 30 avril 2008

On the beach
Le dernier Rivage / La fin du monde


1959 - USA - Stanley Kramer

http://www.imdb.com/title/tt0053137/


2000 - Australie/USA - Russell Mulcahy

http://www.imdb.com/title/tt0219224/

Aujourd'hui, deux films pour le prix d'un. Un classique américain, sorti courageusement en pleine guerre froide et son remake, réalisé quarante ans plus tard pour la chaîne de télévision Showtime. Il est souvent de bon ton de railler les remakes et de préférer les classiques, les choses ne sont pas aussi simples ici.

Mais avant de rentrer dans un regard croisé entre les versions, plantons le décor. Et quel décor, certains commentaires sur les forums parlent du film le plus déprimant du monde, je ne suis pas loin de partager leur avis : Une guerre nucléaire massive à eu lieu (USA vs Russie dans la version de 1959, USA/Chine dans celle de 2000), l'hémisphère Nord est entièrement détruit. Un sous-marin américain fait route vers l'Australie pour essayer de trouver une région épargnée par les retombées radioactives. Arrivé à Melbourne, l'équipage apprend que leur répit sera de courte durée, d'ici 4 à 5 mois, les vents mondiaux auront rabattu sur l'hémisphère austral un taux de radioactivité lethal pour l'ensemble de la population. Après une dernière tentative pour retrouver d'éventuels survivants et une région miraculeusement préservée, le commandant du sous-marin retourne en Australie pour y mourir...

Du lourd.

Soyons clair, dans les deux cas, il s'agit d'un mélo. Des rapports complexes, amicaux et amoureux vont se nouer entre le commandant du sous-marin, un officier de la marine australienne, sa femme, sa belle-soeur et l'ex de celle-ci.

Sauf qu'au final, tout le monde meurt.

La version de 59 est très classique, Stanley Kramer réalise un film très sobre, bien sur très sombre, certainement un peu prisonnier du best-seller dont il est tiré, mais servi par un casting éblouissant. Gregory Peck est bouleversant dans le rôle d'un militaire complètement détruit par la disparition de sa femme et de ses enfants, Ava Gardner est peut-être un peu classique, mais Anthony Perkins assure lui une prestation hallucinante d'humanité dans le rôle d'un jeune père amené à affronter l'inacceptable. Petit bémol, Fred Astaire dans le rôle du savant un peu décalé est légèrement à côté de la plaque.

La version de 2000 est à la fois très proche, dans le sens ou elle reprend la quasi-intégralité de la trame de la version originale, mais également très différente. Sa durée, plus de trois heures (une heure de plus que la version 59) offre des possibilités de creuser des pistes peu ou pas explorer jusqu'ici. En particulier de sortir du cadre de l'univers des principaux protagonistes pour brosser des tableaux urbains de pure fin du monde particulièrement saisissants. Le format du téléfilm, plus de métrage et moins de budget, donc a priori peu performant, apporte paradoxalement, grâce à des scènes un peu banales, une profondeur inattendue. Le casting perd en prestige ce qu'il gagne en authenticité (contrairement à la version de 59, les personnages australiens sont interprétés par des acteurs locaux). Armand Assante est un peu trop mâchoire carrée, Rachel Ward est absolument insupportable dans le rôle d'une fofolle alcoolique, mais le reste de l'interprétation est remarquable

La construction des films est très classique, une phase d'exposition avec l'arrivée en Australie, la description de la situation et de ses enjeux et bien sur la présentation des personnages. La mission vers San Francisco(1959) ou Anchorage (2000) relance un peu la pression en offrant de nouveau un espoir de survie. La conclusion absurde de cet épisode (dans les deux versions, c'est une simple canette de Coca qui est à l'origine de l'émission de faux messages d'appel au secours) plombe alors lourdement l'ambiance. La dernière partie, la plus poignante, va placer chaque personnage face au seul choix encore possible, celui de choisir sa mort.

Car le point fort du film consiste à n'offrir aux personnages aucune autre alternative que la mort. La seule mesure que prend le gouvernement Australien pour supporter sa population consiste à distribuer gratuitement des pilules pour se suicider sans douleur et éviter l'horrible agonie due aux radiations. C'est l'ensemble du casting et la population entière qui passent alors sous nos yeux par les différentes phases décrites par le Dr Elisabeth Kübler-Ross. Cette psychiatre américaine d'origine Suisse a en effet décrit dans ses ouvrages les six étapes que traverse une personne sure de mourir : 1. Diagnostic de la maladie terminale. 2. Choc, déni. 3. Colère. 4. Marchandage. 5. Dépression. 6. Acceptation.

Le diagnostic de la maladie terminale, se sont les militaires et les scientifiques qui le fournissent dés le début du film.

Le choc et le déni sont particulièrement centrés sur le personnage d'une jeune mère de famille, incapable d'accepter sa prochaine mort et plus encore celle de son bébé. Les tentatives faites par son mari pour lui expliquer que le plus humain est de mettre volontairement fin à leurs jours sont particulièrement bouleversantes.

La colère et la violence se manifestent plus particulièrement dans des scènes de violence urbaine et d'anarchie.

Si le marchandage n'est pas évoqué, la dépression est elle, par contre, constante, quelle que soit la version, tous les personnages sont en permanence un verre d'alcool à la main, tentant de s'abrutir pour ne pas trop déprimer. Mulcahy invente également de fortes scènes de rues remplies de personnes errantes ou à l'arrêt, visiblement complètement au bout du rouleau.

L'acceptation conclut le film par une scène de suicide familial difficilement soutenable.

mercredi 16 avril 2008

Day of the dead


2008 – USA – Steve Miner

http://www.imdb.com/title/tt0489018/


Quelle drôle d'idée, sans doute celle d'un producteur inspiré par le résultat plus que correct obtenu il y a deux ans grâce au remake de "Dawn of the dead", "Army of the dead", quelle drôle d'idée donc de présenter ce "Day of the dead" comme la version 2008 du 3éme volet de Romero.
Car à un ou deux noms propres, un silo à missiles, un gentil zombie et un savant fou près, on est très loin du compte.

Ici, aucun souffle épique, aucune étude de caractères au vitriol, aucun message sociétal, non, mais un petit survival horror plutôt rigolo, qui assume assez bien son absence de toute ambition autre que distractive.

Les adorateurs de Romero déversent leur bile sur les forums et crient au sacrilège, ils n'ont pas tort, mais on peut aussi passer outre et un bon moment. Quelques arguments pour se laisser aller.

Le film n'est pas trop fauché, et ne semble pas souffrir constamment de manque de moyens. Il est vrai que le casting n'a pas du coûter bien cher, les acteurs ne sortant visiblement pas de l'Actor's studio.

Des scènes de folie collective assez originale et plutôt bien menées. L'hôpital où convergent tous les futurs morts-vivants se transforme en quelques secondes un véritable lieu de fin du monde ou tout le monde se court après (même au plafond) pour se dévorer, sympa.

Du gore assumé, bien crade et bien saignant. Des effets spéciaux de maquillage d'un bon niveau et certainement quelques retouches numériques pour finaliser et surtout en quantité abondante.

Bref, rien d'incontournable, surtout oublier le titre, et sinon ressortez votre DVD du vrai "Day of the Dead".