jeudi 12 juin 2008

Diary of the dead
Chroniques des morts-vivants

2007- USA - Georges A. Romero

Seulement 3 ans après "Le territoire des morts", soit un délai incroyablement court pour lui, Georges A. Romero revient avec un nouvel opus de sa saga des morts-vivants (le cinquième) : "Chroniques des morts-vivants". C'est l'occasion pour lui de repartir au début de l'histoire, mais en changeant complètement de style de narration. En effet, sur la lignée des "Blair witch", "Redacted", "Battle for Haditha" et autres "Rec", c'est sur le mode du vrai/faux documentaire youtubesque que se déroule ce nouvel épisode.
Partis filmer en forêt un film d'horreur plutôt campy, une équipe d'étudiants en cinéma se retrouve plongée dans le chaos des zombies et décide alors de documenter tout ce qu'elle va devoir subir.Après la réussite de "Rec" on ne pouvait qu'être extrêmement excité par le choix de Romero. Hélas, le résultat est particulièrement décevant. L'immense force de ses films jusqu'à présent c'était son talent de contrebandier "scorsesien", cette capacité à faire des films de genre parfaitement efficaces et respectueux des canons du genre en y mêlant un puissant sous-texte contestataire. J'ai toujours trouvé cette démarche éminemment intelligente et sympathique. Mais toute la finesse de ce travail résidait dans sa capacité à cacher ses messages derrière des films chocs.
De l'agit-prop à la leçon de morale.

Avec "Chroniques des morts-vivants" , nous assistons à un pénible premier degré tout au long du film. Une voix off nous assène du début "Je vais essayer de vous effrayer pour tenter de vous réveiller " jusqu'à la fin "Valons-nous la peine d'être sauver ? A vous de me le dire " un message dégoulinant de "vibrant plaidoyer contre l'indifférence et l'individualisme ". Et si ce n'était pas suffisant, un personnage de prof sentencieux ponctue chaque scène d'un aphorisme prétentieux.
Donc, après le racisme, la société de consommation, le complexe militaro-industriel et la fracture sociale, Romero s'attaque au pouvoir des images et à ceux qui les manipulent : les médias, c'est pas bien (surtout la télé, hein ?!). OK Georges, on avait compris, pas le peine de nous fourguer un scénario à la Michael Moore.Il est clair que l'explosion d'internet et la prise du pouvoir des images par les spectateurs qui l'accompagne a de quoi interroger les professionnels de la profession. "Redacted" de Brian de Palma, par exemple et le résultat de ces interrogations. Un film qui lance des pistes de réflexions sur la multiplicité des images et le rôle de ceux qui les regardent. Après katrina, dont de nombreux stock-shots sont utilisés par Romero on avait également assisté à des tentatives très experimentales pour contourner le discours officiel des grands médias. "Chroniques des morts-vivants" n'en est que plus décevant, incapable d'apporter un quelconque élément nouveau à ce débat pourtant passionnant.Cette déception passée, il reste un film plutôt efficace, quoique assez flemmard par moment, quelques bonnes idées (la garde nationale), et pour un film qui se veut une interrogation sur le voyeurisme, une curieuse recherche de performances graphiques sur la mort des zombies qui tend étonnement vers la série des "Vendredis 13".

Incroyable, la suite du film est déjà en chantier !

mercredi 11 juin 2008

Apocalypse et Liberalisme

Excellent article de Robert Skidelsky paru sur le site des Echos à propos de l'Apocalypse et de la politique. Je ne partage pas l'ensemble des idées qui y sont défendues, mais il présente une perspective historique réellement intéressante. Il vise très juste en rappelant que " les doctrines politiques, comme le marxisme, se sont approprié la vision apocalyptique, en prophétisant la destruction du capitalisme comme prélude à l'utopie socialiste. Mais le messianisme politique était un rejeton de l'optimisme du XIXe siècle. Avec l'effondrement de cet optimisme, la croyance apocalyptique contemporaine met davantage l'accent sur la catastrophe et moins sur l'utopie."

Le reste de l'article relève certainement d'une visée libérale assez polémiste, mais son rappel au cartesianisme me semble assez sain dans cette période d'unanimisme scientifique et d'échanges d'anathèmes généralisés.


lundi 9 juin 2008

La fin du monde est pour le 12 juin 2008.

Au moins, nous ne resterons pas dans l'incertitude trop longtemps. D'un autre coté, c'est le leader de cette secte texane, prés d'Abilene, qui risque de passer un mauvais moment si l'apocalypse nucléaire qu'il prédit pour jeudi n'arrive pas. Yisrayl Hawkins est en effet poursuivi pour bigamie, l'attorney general du coin lui reprochant d'avoir une trentaine d'épouses.
"J'ai une épouse, une seule épouse " à déclaré Hawkins lors d'une interview à "20/20" vendredi.

Yisrayl Hawkins, un ancien chanteur de country, a annoncé l'apocalypse sur son site web et a regroupé les membres de sa secte dans leur propriété près d'Abilene.
Source :


jeudi 5 juin 2008

La fin du monde ce n'est pas qu'au cinéma

Russie - Mai 2008

Pour Piotr Kouznetsov, (en photo avec le monsieur qui lui donne ses gouttes) la fin du monde ce n’est pas du cinéma. En novembre 2007, il réussit à convaincre 35 disciples, hommes, femmes et enfants, de descendre dans une grotte qu'ils ont aménagée pour l'occasion afin d'attendre l'apocalypse qu'il prédit pour mai 2008.

Le ciel n'étant pas avec eux, c'est la fonte des neiges, en mars, qui va provoquer une forte montée des eaux dans le souterrain, causant des inondations, mais surtout l'éboulement d'une partie de la grotte. C'est le début de la fin pour nos pauvres millénaristes. Devant l'adversité le groupe se scinde. Le 28 mars, 7 personnes quittent la grotte, le 2 avril, 17 en font autant. Dans un dernier baroud d'honneur, les 9 derniers reclus vont bien menacer de s'immoler par le feu si on les oblige à sortir, mais le coeur n'y est plus et le 16 mai ils quittent la grotte à leur tour.
Deux personnes ont laissé leurs vies (d'après les premiers témoignages en raison d'un cancer et d'un jeune extrême), pendant cette tentative de rallumer une vieille tradition troglodytique de l'Église russe orthodoxe.
Source : Libération, Rian

La plus jolie fin du monde

"C'est déjà perdu !

28 nov 2005, première journée de fin du monde !(...)
Ya des gens qui chialent, contre les riches de la planète, le tiers-monde, les gens pressés et stressés, qui ne s'attardent plus à la vie. Si ces gens-là hurlent ou jappent, c'est qu'ils ont encore espoir. Je ne suis plus sûre que le concept, l'idée du "long terme" est un luxe qu'on peut encore se permettre. La bataille est déjà perdue; d'ici cent ans, peut-être que la fin du monde aura déjà eu lieu.(...)
En résumé : on va mourir. Tout le monde va mourir. Non, plus précis encore : bientôt, il n'y aura plus d'humains.(...)
Faut juste que ça finisse bien !

Faut faire de notre vie : la plus jolie fin du monde."

Ce joli texte est tiré du blog de Zviane, une blogeuse, musicienne et auteur de BD québécoise. Zviane à décidé de remplir sa vie en produisant un maximum de chose dans le temps qu'il lui reste à vivre. Entre autres, cette incroyable BD, plus de 300 (trois cents !) épisodes de sa vie, racontés en images avec une sensibilité et un humour qui débordent de chaque case. Zviane à la pêche, elle est incroyablement girlie et ça change du cynisme ambiant. Zviane nous parle de ses études, de la musique, de la BD, de ses amis, des litchis...

Zviane est capable de vous mettre des images de 6 275 pixels de haut pour vous expliquer à quel point elle aime J.S.Bach. Zviane est capable de vous faire écouter une Fugue-Java pour deux ukulélé et deux guitares. Bref, cette fille est pétrie de tous les talents et mon seul regret est d'avoir découvert son site beaucoup trop tard. Mais comme à toute chose malheur est bon, pour ceux qui ne se voient pas passer deux ou trois jours sur son site pour lire l'intégrale de son oeuvre, "La plus jolie fin du monde" est devenue un livre. Et franchement, il le mérite.

lundi 2 juin 2008

The signal

2006 - USA - David Bruckner - Dan Bush

http://www.imdb.com/title/tt0780607/

Et bien que voici un film curieux. "The Signal" commence très classiquement comme un film d'horreur indie classique. Le pitch est simplisme ; un mystérieux signal diffusé sur les télévisions, les téléphones et les radios transforme la population en autant de psychotiques meurtriers. Une jeune mariée adultère va quitter les bras de son amant pour se trouver plongée dans un cauchemar de type survival. Son mari est parti en vrille et commence à massacrer tout le monde, en fait tout le monde commence à massacrer tout le monde.
Mais le film quitte ce sentier plutôt bien balisé pour partir dans une nouvelle direction. Le signal provoque en réalité des hallucinations et le film va sans cesse basculer d'une narration objective (ce qui se passe) aux points de vue subjectifs des protagonistes (ce qu'ils croient voir). Sauf que ces transitions deviennent de plus plus imperceptibles et qu'en tant que spectateur, il devient de plus en plus difficile de faire la part des choses.
"The Signal" recycle pas mal de clichés, le trio infernal, les fous furieux à la "28 x + tard", les scènes de désordre urbain (rue + cadavres) et lie le tout dans un mélange psychédélique façon bad trip.
La dernière partie essaye de tirer la conclusion de ce dispositif original, mais un peu intello en forçant le zapping entre hallucinations réalité. Au bout de plusieurs mises en abîmes successives, j'avoue que personnellement je pense avoir manqué une marche quelque part.
Au final, il reste un film assez éprouvant, qui dépasse vraiment le cadre de départ, mais dont le scénario et la mise en scène abusent un peu trop des tics indies.