mardi 29 janvier 2008

I'm legend
Je suis une légende

2007 - USA - Francis Lawrence

http://www.imdb.com/title/tt0480249/

Dernier blockbuster en date, "Je suis une légende" se devait de figurer dans f2fdm, car derrière l'énorme machine Hollywoodienne, destinée à mettre une fois de plus Will Smith aux sommets des box-offices planétaires, tout le monde a reconnu la 3éme adaptation d'un des plus célèbres romans de Richard Matheson.

Après "The last man on earth" et "Le survivant" nous voici de retour dans un paysage de f2fdm familier. Ce n'est plus la banlieue Romaine ni Los Angeles, mais ce sont toujours les mêmes rues sidéralement vides, les mêmes embouteillages de voitures a l'abandon, l'icône post apocalyptique de la grande ville vidée de l'ensemble de ses habitants.

Pourtant en forçant l'attention, on commence à percevoir une couleur différente, des détails spectaculaires. Grâce à Photoshop, l'herbe est plus haute, les voitures sont plus poussiéreuses, les fenêtres cassées sont plus nombreuses. Un détail pourtant, les cadavres qui jonchaient les rues ont curieusement disparus. Ce film, c'est un peu comme de rentrer dans un vieil appartement que l'on visite de loin en loin, ce sont toujours les changements qui sautent aux yeux en premier.

Finalement, le problème des remakes c'est que l'on est obligés de les comparer à leurs prédécesseurs, et qu'il est difficile de les voir sans a priori (quel est l'intérêt de faire un remake de cette merde ? ou, à l'inverse, Il a osé toucher à ce chef d'œuvre !). Donc, en route pour une visite forcément un peu comparée, de New York après la fin du monde.

Le pari narratif de la 1ére partie à de quoi faire frissonner d'angoisse n'importe que réalisateur, en gros 3/4 d'heure avec un seul acteur qui se ballade et qui parle tout seul, et encore pas beaucoup (400 lignes de dialogue au total, contre plus ou moins 1000 en général).

La ou Ubaldo Ragona et Boris Sagal avaient déjà joué à fond sur l'aspect surréaliste des décors, Francis Lawrence passe le braquet supérieur coté spectaculaire. Chasse au cerf en plein Time Square, practice de golf sur l'aile d'un SR-71, forcément, comme disait le lapin de la pub Cassegrain "c'est la surenchère".

Donc, pas question ici de ballade, comme pour "L'armée des morts" (le récent remake de "Zombi"), l'ingrédient 'Action' est généreusement dosé et la visite se fera à fond de train. C'est peu être un peu dommage, rien de tel pour ne percevoir le vide que de le contempler. A cette tendance lourde du 'tout action' se greffe l'autre manie du moment, le scénario 'post-it'. A l'opposé du scénario 'twist & turn'("Le prestige" pour prendre un exemple récent), le scénario 'post-it' se caractérise par sa simplicité. C'était le cas du "Jours d'après", (après une catastrophe climatique, un père part à la recherche de son fils). Le scénario 'post-it' n'est pas en soi condamnable, car il ne nuit pas forcément au développement des personnages, il présente toutefois de gros risques en terme de manichéisme.

De ce point de vue, "Je suis une légende" est extrêmement décevant, tétanisé par le syndrome 'post 9/11', le film propose une version des zombies particulièrement pesante. A l'opposé de toute la démarche de Roméro ('Bub' dans le "Jour des morts") qui cherchait l'humanité dans les morts-vivants, ceux-ci sont ramenés au rôle d'épouvantail sortis du 1er fps venu. C'était déjà, l'approche suivie dans les "28 ... plus tard", des malades enragés obéissant à leurs pulsions les plus primaires, resservi aussi vite cela fait plus formaté que réfléchi. Bien sur, il y a les effets de maquillage numérique en plus. Mais c'est bête, ils ne sont pas franchement réussis. Donc, le zombi d'aujourd'hui est enragé, il est encore plus celui avec qui aucun dialogue n'est possible, celui qui ouvre grand sa bouche pour vous mordre, pour vous blesser. La synthèse parfaite de ce qui fait peur dans les sondages, insécurité, terrorisme...

Coté bonnes choses, il y en a aussi, Will Smith joue toute la partition de la vulnérabilité avec finesse. C'est quand le scénario explore le statut paradoxal du survivant, techniquement le meilleur puisqu'il est le dernier, mais en réalité menacé par la solitude et la folie ('I like Skreck'), que le film offre ses meilleurs moments.

La séquence d'ouverture est également très élégante, la scientifique interviewé sur le plateau du JT ne parle pas d'épidémie, de troubles à l'ordre publique, de cannibalisme ou de scènes d'hystérie collective mais annonce seulement qu'elle est maintenant sur de pouvoir guérir le cancer. Fondu sur un carton annonçant 'Trois ans plus tard' est une première vision d'apocalypse urbaine saisissante.

Le sous texte religieux est très présent. La fin déroge bien à la règle des deux versions précédentes, mais l'aspect christique est toujours aussi présent. Mélangé au patriotisme ultra affiché de la séquence de fin, il devient même assez écœurant : un portail blindé gardé par deux soldats en armes s'ouvre sur une "small town" de carte postale avec église et drapeau américain tout les 3 mètres. Quelques survivants ont su dresser un rempart entre leurs familles et la barbarie et ils peuvent regarder tranquillement leur stock de vielles cassettes de 'Fox News'. Beuh, je crois que je préfère encore les zombis.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

De la version avec Vincent Price, celle avec Charlton Heston et celle là, c'est cette dernière version que j'aime le moins. La morale religieuse de la fin m'a vraiment énervé. Dommage.